Présider une séance de nuit, tout un art. Certains se souviendront, peut-être, d'une séance de juillet dernier où Denis Baupin (écolo, Paris), débutant à ce poste, se fit malmener  toute la soirée par les ténors de l'opposition. Mercredi 24 octobre au  soir, lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité  sociale (PLFSS), personne ne fit cette fois preuve d'insolence face à la  présidente de séance, Sandrine Mazetier (PS, Paris). A peine entendit-on un ou deux "rappels au règlement".
 Car il faut reconnaître à l'imperturbable Mme Mazetier  certaines qualités de capitaine stoïque dans la tempête des amendements,  ne lâchant jamais ni la barre ni le rythme, contrairement à certains  élus, tel Dominique Tian (UMP, Bouches-du-Rhône), auteur lui-même d'un certain nombre d'amendements à qui elle a rappelé que "non, monsieur Tian, vous n'êtes pas sur l'amendement 206" puisque "c'est le 207 qui est appelé, monsieur Accoyer... monsieur Tian, vous n'êtes pas sur le 207 !"  Avec sang-froid, toujours ; avec humour, parfois. Jean-Pierre Door  (UMP, Loiret) vantera d'ailleurs spontanément au micro les qualités de  la présidente du soir, "tout à fait sereine et calme".
 " JE PEUX M'EXPRIMER ?!"
 Calme et sereine, elle le restera lors de l'étude des quelque 70  amendements de suppression déposés par la droite sur l'article 11, qui  prévoit une  hausse des cotisations sociales sur les auto-entrepreneurs et le  déplafonnement des cotisations maladie pour les travailleurs  indépendants. Le rejet successif de ces amendements sera ainsi rythmé de ses verdicts monocordes : "qui est pour, qui est contre, l'amendement est rejeté".
 Autoritaire mais juste, elle le sera tout au long de la séance, face  aux petites crises de députés la prenant à témoin, tels des élèves  rageurs se plaignant à la maîtresse. Retenons par exemple la colère de Bernard Accoyer (UMP, Haute-Savoie), agacé de se faire couper la parole par Jérôme Guedj (PS, Essonne) et qui cria tout à coup : "monsieur Guedj, je peux m'exprimer ?! Madame la présidente !! Je peux m'exprimer ?!". Quelques tapes sur le micro, un "s'il vous plaît..."  et l'on passe à autre chose. Vers minuit, une pointe d'énervement  jaillira toutefois devant les demandes pressantes de Dominique Orliac  (RRDP, Lot) pour s'exprimer : "Mais c'est bon Mme Orliac ! Vous allez avoir la parole !"
         "IL Y A DU DÉSORDRE DANS LE PELOTON"
 Cynique mais stoïque, elle le sera enfin quand les débats prendront un tour surprenant sur l'étude d'amendements visant à promouvoir l'utilisation du vélo – un "sujet central de ce PLFSS...",  commentera-t-elle avec ironie. Des amendements d'autant plus étonnants  qu'ils étaient multipartisans, portés conjointement par Philippe Goujon  (UMP), Alexis Bachelay (PS) et Denis Baupin (Ecolo). Ce-dernier, qui a  gardé de ses années d'adjoint à la mairie de Paris le surnom de  "monsieur couloir de bus", fut sans surprise le plus combatif sur la  question, pas peu fier d'annoncer la création, le matin même, du "Club des parlementaires pour le vélo", qui réunirait quelque 77 députés "de tous bords".
 "C'est bien la première fois qu'on voit un cavalier arriver à vélo !",  lança en réponse Michel Issindou (PS, Isère), entraînant avec lui rires  et applaudissements. Le rapporteur Gérard Bapt (PS, Haute-Garonne), qui  tenta juste après un "il y a du désordre dans le peloton",  s'attira, lui, un succès nettement moindre. Enfin, malgré les crises,  les cavaliers et les innombrables amendements identiques déposés  principalement par la droite, ce n'est pas encore ce soir que l'on aura  vu le ministre du budget, Jérôme Cahuzac, perdre son flegme et sa pédagogie, pourtant déjà bien usés par les quelque 40 heures d'examen du budget la semaine précédente.  
		 
		
		
 
		
		
		
		
		
		
			
			
			
			
				 
			
			
			
			
			
			
			
				
			
			
			
		 
	
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